Indonésie #4 – Java et ses Volcans : l’Ijen et sa soufrière

Ijen…
L’Ijen (ou Idjen en français) n’a rien à voir avec le Bromo.
C’est un volcan actif, il sens aussi le souffre, il est touristique, mais la comparaison s’arrête là.

Ijen est actif ET exploité. C’est une soufrière : un gisement de soufre.
C’est l’exploitation de soufre volcanique la plus importante au monde (6 tonnes par jour) et son cratère le Kawah Ijen (signifiant « cratère vert » en javanais) abrite le plus grand lac acide de cratère et… le plus acide (il a atteint un ph de 0.15 !).

Cependant les exploitations de soufre volcanique ne représente qu’1% de l’exploitation mondiale. Le soufre se trouve soit pur (soufre fossile d’origine volcanique) dans les volcans comme l’Ijen, soit combiné à d’autres substances minérales (les sulfures et les sulfates), c’est le soufre sédimentaire qui représente 99% de la production (dans les mines par exemple).

Le lac, Kawah Ijen, Java, Indonésie

Une mare de soufre, Kawah Ijen, Java, Indonésie

Aux portes de la soufrière, Kawah Ijen, Java, Indonésie

Aux portes de la soufrière, Kiawah Ijen, Java, Indonésie

Mais que fait-on du soufre ? Le souffre est particulièrement utilisé pour la fabrication d’acide sulfurique et pour celle de produits phytosanitaires (engrais, fongicides… en particulier en agriculture biologique, bien qu’il ne faille pas en abuser). Il sert aussi à la fabrication de caoutchouc, de pâtes à papier et est présent dans certains médicaments et crèmes dermatologiques.

Un paysage captivant avec en son coeur l’homme et l’intransigeance de la soufrière

L’ambiance y est spéciale…
Ballotté entre un lieu touristique aux paysages enchanteurs et insolites et le travail ingrat des porteurs de soufre, on ne sait pas trop sur quel pied danser.
(Il reste tout de même beaucoup moins touristique que le Bromo, il est plus dur d’accès.)

Les porteurs de soufre

Une soufrière avec des hommes qui chaque jour montent jusqu’au volcan (2 heures de marche dans de la poussière volcanique), descendent dans le cratère (30 minutes de caillasse), traversent une fumée particulièrement agressive (avec de l’acide chlorhydrique et sulfurique) avec des masques qu’ils n’utilisent pas toujours (et encore quand ils en ont !), puis remontent chargés d’environ 70 à 90 kg de souffre dans des paniers en bambou pour effectuer le chemin inverse.

Un porteur de soufre, Kawah Ijen, Java, Indonésie

Un porteur de soufre, Kawah Ijen, Java, Indonésie

Un porteur de soufre, Kawah Ijen, Java, Indonésie

Le nuage de fumée, Kawah Ijen, Java, Indonésie

Je ne donne pas cher de leurs poumons vu comment la fumée nous brûlait et piquait les yeux malgré les masques, en étant restés très peu de temps dans le nuage.
Malgré ces conditions extrêmement difficiles, la plupart ont le sourire et sont fiers de leur travail.

Un lieu étonnant…

Pour rejoindre l’Ijen la route traverse une grande étendue de forêts vallonnées. C’est la seule fois à Java où j’ai vu une forêt de fougère arborescente.
Puis nous avons traversée Sempol, un très joli village au pied de l’Ijen, où chaque maison est bordée d’une multitude de plantes.

Enfin la marche pour monter au cratère est verdoyante. Il n’y a pas tant de touristes une fois hors des horaires où tout le monde part ! On peut donc s’y retrouver seul à la montée ou la descente et regarder les familles de singes sautiller d’arbres en arbres. Il y a même un petit café à mi-chemin pour se restaurer si besoin.

Le lac, Kawah Ijen, Java, Indonésie

La montagne, Kawah Ijen, Java, Indonésie

Les fumerolles du Kawah Ijen, Java, Indonésie

Les fumerolles du Kawah Ijen, Java, Indonésie

L’arrivée en haut du cratère, le Kawah Ijen, à 2368 mètres est saisissant avec en son coeur le lac bleu turquoise (2148 mètres). Certains arrêtent l’exploration ici et prennent le temps d’admirer le paysage.
Nous n’avons pas pu resister et nous sommes descendu dans le cratère observer les sorties des fumerolles.

La récolte du souffre

Le cratère rejette des fumerolles (appelées solfatares) composées principalement de sulfure d’hydrogène (H2S), de dioxyde de soufre (S02), de vapeur d’eau et d’acide chlorhydrique en moindre proportion. Le sulfure d’hydrogène au contact de l’oxygène réagit avec l’oxygène et créé des dépôts de soufre.

Des tuyaux métalliques permettent de canaliser les fumerolles : les vapeurs sont refroidies plus rapidement pour former un dépôt de souffre liquide qui se cristallise en concrétions (en comparaison voici des concrétions de calcaire). Ils brisent le soufre solide à la sortie de ces tuyaux. Le soufre est jaune une fois refroidit mais d’un bel orange lorsqu’il vient d’être récupéré.

Les porteurs de soufre, Kawah Ijen, Java, Indonésie

Les porteurs de soufre, Kawah Ijen, Java, Indonésie

La soufrière du Kawah Ijen, Java, Indonésie

La soufrière du Kiawah Ijen, Java, Indonésie

Les porteurs de soufre, Kiawah Ijen, Java, Indonésie

Les porteurs de soufre, Kiawah Ijen, Java, Indonésie

Vers le Kawah Ijen, expérience et pratique

Notre chemin périlleux !

Bon j’avoue sur le moment nous n’étions pas totalement au top pour profiter du paysage.
C’était notre dernière visite à Java avant de prendre le ferry pour Bali, et nous étions particulièrement claqués suite à nos réveils successifs entre 3 et 5 heures du matin (et on était un peu malade aussi…). La montée de 2 heures de marche dans la montagne à 5 heures du mat nous a particulièrement asséchés, ainsi que la descente dans le cratère… et surtout sa remontée !
Entre la fatigue et le nuage de fumée agressif à chaque virvoltement de vent (et encore nous avions des masques contrairement aux porteurs) nous avons un peu souffert :-).

Mais nous n’avons regretté à aucun moment, et je conseillerai de descendre jusqu’au lac pour voir vraiment comme cela se passe et ce qu’est une soufrière.
Entre le Bromo et l’Ijen, je choisis l’Ijen sans hésiter, si vous pouvez marcher en montagne bien sûr ! En tout, il faut deux heures pour monter au cratère, une heure aller et retour pour descendre dans le cratère au niveau du lac, et une bonne heure pour la (re)descente.

La descente dans le cratère, Kawah Ijen, Java, Indonésie

La descente dans le cratère, Kawah Ijen, Java, Indonésie

Au niveau du lac, Kawah Ijen, Java, Indonésie

Au niveau du lac, Kiawah Ijen, Java, Indonésie

Les possibilités pour découvrir le Kawah Ijen

La première solution est d’y aller de nuit afin de voir la « blue lava ». Lorsque le soufre brûle cela crée une flamme bleuâtre qui donne une impression de lave bleue en fusion dans la nuit. Il faut arriver en bas du cratère avant le levée de soleil, le départ se fait en général à une heure du matin et la ballade se déroule à la frontale.

La seconde solution est d’y aller au levée du soleil, celle que nous avons choisie (trop fatigués pour la première solution !).
Vous pouvez bien-sûr grimper dans la journée mais prenez des réserves d’eau dans ce cas ! Nous avions déjà chaud à 7 heures du matin… Les deux heures de montée dans le cagnard je ne conseille pas trop !

Le lac, Kawah Ijen, Java, Indonésie

Le lac, Kawah Ijen, Java, Indonésie

En bas, un porteur en réflexion au Kawah Ijen, Java, Indonésie

Du soufre, Kawah Ijen, Java, Indonésie

Ah et si vous passez par là, pensez à avoir des vêtements de rechange ! On est allé prendre directement le ferry pour Bali et à notre arrivée au homestay à Pemuteran, un des premiers mots de notre hôte fut : « vous venez d’ijen ? » Bon ok on pue le souffre… Trois lavages de vêtements ont été nécessaire pour s’en débarrasser !

Si vous êtes allé au Kawah Ijen ou avez visité d’autres soufrières, partagez-nous votre ressenti !

Les articles sur Java sont terminés ! Mais je vous rassure il reste Le regard des singes indonésiens à découvrir à travers 3 iles, Bali, Bornéo et le Sulawesi 😉

(Comme pour chaque article d’Indonésie les photos sont de FloX et moi-même !)

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Article rédigé par Laure
Créatrice d’UneÉtincelle, Laure Brignone effectue des enquêtes et recherches sur les évolutions du monde du travail. Elle est l’auteure du podcast « Visions – un monde du travail en mutation », de la lettre mensuelle l’Étincelle, et d’un blog pour réinventer son job et l’Entreprise. Ses sujets de prédilection sont la relation au travail, la transformation des entreprises et les nouveaux modèles économiques et comportementaux.

2 Commentaires

  1. Tim

    Très belles photos !
    Nous avons aussi eu la chance de découvrir le Kawah Ijen l’année dernière, c’est un endroit magnifique ! Nous avions opté pour le départ à minuit pour voir les « Blue Fire ». C’est assez impressionnant. L’avantage de se lever aussi tôt et qu’on peut ensuite admirer le lever du soleil sur la mer depuis la corniche du cratère, c’est spectaculaire 🙂

    Réponse
    • Geckoo

      Merci Tim !

      On nous a parlé du levée de soleil sur le lac qui est effectivement magnifique. Mais vraiment vu dans l’état où nous étions nous n’avons pas regretté nos quelques heures de sommeil en plus… Ce sera peut-être pour une prochaine fois si on repasse par là.

      Nous sommes passés par une agence pour les 3 jours comme vous, sauf qu’ils nous ont lâché au ferry car nous allions à Pemuteran. La seule chose que nous avons regretté c’est de ne pas pouvoir prendre plus notre temps à Ijen, vu qu’ils nous attendaient à heure fixe (et nous sommes déjà arrivés en retard). Pour ceux qui viennent de Bali, il est possible de louer un scoot et d’y aller par soit même.

      Et vos articles sont bien complets et vos photos pètent bien également ! Je vais aller les voir plus en détail 😉

      Réponse

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