Photo @Ronan Rocher de OIOO Studio
Aujourd’hui nous abordons LE sujet qui pousse un grand nombre de personnes à aller au travail tous les matins… L’argent, la rémunération, le salaire !
Pourtant de plus en plus d’activités ne sont plus ou pas rémunérées… N’est-ce pas étrange ?
Et d’ailleurs à partir de quoi calcule-t-on une rémunération ? Car cela est loin d’être évident !
C’est la 9ème partie de la série pour décomplexer ta relation au travail et enchanter ta vision du monde, et aujourd’hui on décomplexe ✨ (tu peux découvrir tous les articles de la série ici)
1. Tout travail mérite salaire ? La face cachée du travail gratuit
Dans nos sociétés, le XXème siècle a profondément ancré la distinction entre travail (rémunéré) et activités personnelles (de loisir, non rémunérées). Nombreux sont ceux qui ont grandi avec cette séparation bien établie dans leur esprit, associant invariablement le concept de travail à une rémunération. Mais est-ce toujours une réalité ? Aujourd’hui, une grande partie des activités essentielles au fonctionnement de nos sociétés échappe à cette logique de rétribution financière.
Le bénévolat
Les activités bénévoles sont par définition des formes de travail non rémunéré. Pourtant elles couvrent un pan important du soin aux humains, aux animaux, à la planète et elles sont également indispensables dans de nombreux autres domaines, comme la politique, les spectacles et festivals, le sport (les JO fonctionnent grâce à des bénévoles, entre autres). C’est un champ bien plus grand que l’on n’imagine !
« Tout le champ bénévole amène à questionner, parce qu’il y a une utilité pour la communauté, il y a une utilité pour eux-mêmes parce qu’ils se sentent investis, personne ne les oblige à faire ça, donc ils ont envie, ça fait sens pour eux. N’empêche qu’ils ne reçoivent pas de rétribution à ça.
Aujourd’hui on ne peut pas dire que tout travail mérite salaire, c’est la phrase toute faite des générations de nos parents, de nos grands-parents, qui tenait la route à un moment mais qui ne reflète plus du tout la réalité, la réalité des activités professionnelles, des activités humaines. Donc aujourd’hui le salaire ou le chiffre d’affaires en fonction des statuts, c’est le signe de quoi ? Ce n’est pas le signe d’un travail, ce n’est plus le signe d’un travail. (..) Et donc c’est la contrepartie de quoi, hormis le statut ? Ce que je gagne n’est pas le signe de mon travail c’est le signe d’un statut (…) Ce n’est plus le reflet de l’activité de la personne.»
Audrey Chapot dans l’épisode 32 du podcast Visions L’essence du travail : au cœur d’une mutation
La création de contenu
Les créateurs de contenus (articles, livres, vidéos, podcasts ou émissions radio) mais aussi les artistes, sont de moins en moins rémunérés. Pourtant cela représente souvent un travail titanesque ; je pense par exemple aux vidéos Youtube de bonne qualité qui prennent un temps fou, entre recherche, écriture, scénario, montage.
Il revint à ces créateurs de contenus de trouver des sponsors ou d’imaginer d’autres systèmes comme le financement participatif (ou crowdfunding) qui est apparu ces dernières années (mais cela ne fonctionne que pour celles/ceux qui ont une grande communauté).
Les artistes également créent du contenu et font fréquemment des représentations (ou des visuels, musiques…) gratuitement pour se faire connaître, en échange de visibilité. Ou ils trouvent des financements pour le spectacle, le projet en lui-même mais n’ont plus de quoi se payer.
Nous pouvons également citer, comme le souligne Audrey Chapot, toutes les propositions commerciales qui peuvent être réutilisées en interne dans les entreprises (sans que la mission du consultant soit pour autant validée). Ces propositions font l’objet d’une étude et d’une réflexion provenant de l’expertise de celui-ci. Et elles sont souvent exploitées par d’autres personnes qui elles sont rémunérées.
Un autre exemple est celui des architectes qui travaillent gratuitement sur le projet avant signature du contrat. Fréquemment les clients vont utiliser le plan proposé même s’il ne signe pas avec l’architecte ; cela leur donne des idées puis ils font par eux-mêmes, ou ils vont voir plusieurs architectes et n’en retiennent qu’un seul. D’ailleurs de plus en plus d’architectes demandent une rémunération pour la proposition du projet. Et je ne parle même pas des concours ou appels à projet qui peuvent prendre un temps fou avec souvent peu de chance d’être choisi.
L’entrepreneuriat
Une partie non-négligeable d’entrepreneurs ne se payent pas durant plusieurs années (voire jamais ou très peu) et pallient cela avec des aides comme le chômage, ou par d’autres revenus récurrents qu’ils ont mis en place, ou encore grâce à un conjoint qui peut nourrir le foyer. Ils ne comptent pas leurs heures, pour une entreprise qui ne les rémunère pas !
Ce sont d’ailleurs souvent des projets qui ont de belles valeurs (respect de la planète, matières premières de qualité, achats à des prix justes, rémunérations correctes des salariés…) mais qui sont difficilement rentables dans notre modèle actuel de société.
Il y a donc de nouveaux modèles à inventer (et probablement aussi d’autres manières de vivre) afin que ces valeurs de respect de la vie au sens large puissent être réellement mise en œuvre et perdurer dans le temps. On peut citer par exemple les boutiques en direct de producteurs permettant des prix corrects aux acheteurs et une rémunération plus juste au paysan, ou dans la même veine les AMAP.
Les stages
Souvent très mal rémunérés, ils apportent une main d’œuvre qui est devenue nécessaire dans beaucoup de domaines. Et parfois, malgré cette faible rémunération, il est normal de faire de gros horaires, car c’est comme cela dans le métier, il faut s’habituer !
« On peut parler de toute la génération d’étudiants en attente de diplôme. (…) Il y a une invention d’une nouvelle classe sociale de stagiaires payées des cacahouètes même si aujourd’hui il y a des textes de lois qui permettent de les exploiter officiellement (…). »
Audrey Chapot dans l’épisode 32 du podcast Visions L’essence du travail : au cœur d’une mutation
Le travail domestique et le soin aux dépendants
Le travail domestique, le soin aux enfants, le soin aux dépendants au sens large (s’occuper d’une personne malade, d’un parent âgé) sont une charge importante non rémunérée dans le cadre familial.
C’est un sujet qui entraîne de nombreux désaccords. La question est souvent posée : ces activités devraient-elles être considérées comme un travail pour leur donner une valeur ? Ou rester en dehors de cette sphère ? Pourtant lorsque nous n’avons pas la possibilité de s’occuper de nos enfants ou de personnes de notre famille, nous payons bien des personnes qui vont s’en occuper à notre place.
Sans compter que la personne au foyer, qui passe du temps à s’occuper de ses enfants ou de ses parents et qui n’a plus le temps de travailler (et pour certain.es car ce ne serait pas rentable de payer quelqu’un à la place), est souvent mal perçue par la société (et possiblement par son conjoint !). Puisque c’est le travail qui donne le statut. Pourtant s’occuper d’une famille nombreuse, d’un parent alité, est un travail à part entière…
C’était un tour d’horizon, déjà assez conséquent, du travail non rémunéré. Mais j’en oublie sûrement encore ! Alors qu’est-ce que cela t’inspire ? As-tu d’autres exemples à nous partager ?
Si tu penses à d’autres activités professionnelles non ou très peu rémunérées, je serais ravie que tu nous les partages dans les commentaires de cet article ou par message.
2. Tout salaire mérite travail ? Mais que représente la rémunération ?
« Juridiquement parlant on est aujourd’hui avec des modèles restreints de types de rémunération, ou à la tâche ou au temps de travail passé. Mais qui sont en train de se mouvoir complétement. Et il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses. Il y a simplement se questionner pour identifier qu’est-ce qui est le plus judicieux : est-ce que l’on doit payer la rétribution d’une activité à la tâche, au poste, au temps passé, et comment calculer ça ? Le temps passé c’est le temps derrière son travail ou c’est le temps à gamberger ? C’est le travail réel ou c’est le travail invisible ? Quand on est en soirée et que l’on parle de son activité et de nouveaux projets avec x ou y, est-ce qu’on travaille ou est-ce qu’on est en loisir ? Pourtant cette dynamique réseau là elle est bien effective et active.
Ce rapport à la rémunération est en train d’exploser complétement et c’est une bonne nouvelle, parce qu’en fin de compte tout ça était trop figé par rapport à l’évolution de ce qui est en train de se mettre en place aujourd’hui. »
Audrey Chapot dans l’épisode 32 du podcast Visions L’essence du travail : au cœur d’une mutation
La richesse du parcours
Notre capacité à effectuer une tâche dans notre travail va dépendre de nos expériences, nos connaissances, notre expertise, nos talents, notre inspiration, notre vision etc.
Par exemple, quelqu’un qui depuis 10 ans intervient sur un sujet précis, va trouver rapidement où est le problème en observant la situation. Un nouveau venu dans ce domaine va peut-être mettre 2 jours à étudier les documents et l’environnement pour trouver le vrai problème (s’il trouve le bon !). Celui qui a 10 ans de background sera sûrement payé plus cher et aura mis une heure contre 2 jours.
Injuste ? Non. Car son expertise vient de toutes ses recherches antérieures, de ses lectures, de son étude du marché, de ses expériences, de tout un ensemble de choses qui ont une valeur pour le rendu final et qui rentre donc dans la rétribution : aujourd’hui, il va plus vite et tombe plus juste ! Et dans de nombreux cas, c’est cette expérience, expertise, vision, que l’on achète, pas le temps de travail effectif.
Cela fonctionne également si tu as fait plusieurs métiers différents, car tes expériences apportent toujours quelque chose même si le domaine est autre : une richesse, une vision d’ensemble, une capacité à transférer tes compétences, une connaissance des interactions entre domaines que d’autres n’auront pas.
Les activités nécessaires à une tâche
Nous prenons rarement en compte tout l’à côté qui permet d’apporter beaucoup à ses clients ou à son employeur : la veille, la formation, l’inspiration, le réseau, les recherches préalables, l’état d’esprit, l’alignement et la disponibilité de la personne (capitale dans les métiers d’accompagnement).
Et tout cela n’est pas comptabilisé dans le temps de travail effectif !
- Une personne qui met en contact des entreprises et investisseurs ou toute personne qui fait du lien. L’action peut se résumer à un coup de fil. Mais combien de réseautage, de soirées, de déplacements, d’entretien du réseau sont fait depuis plusieurs années pour aboutir à cela ? Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que ces métiers fonctionnent à la commission !
- C’est la même chose pour un artiste. Le temps passé à créer l’œuvre ne prend pas en compte toute la recherche préalable, l’inspiration, le travail intérieur, les rencontres, les visites etc… qui ont contribué à ce qu’à un moment donné une œuvre émerge.
- Un coach qui court tout le temps et n’a aucun espace disponible ne va pas en avoir pour son client. Pour accompagner il est nécessaire d’être en capacité d’être à l’écoute de l’autre (et de ses propres réactions) et pour cela il faut avoir été préalablement à l’écoute de soi ! D’autant plus que dans une séance il y a aussi (et avant tout) une énergie qui passe entre le coach et le coaché. Si le coach est épuisé, désaligné, incohérent, le coaché va la capter et je ne pense pas que ce soit l’objectif ! Notre rôle est au contraire de donner de la confiance et de l’énergie au client, pas de l’épuiser ou le désaxer à notre contact…
Plus tu trimes, plus tu seras payé !
Je ne peux pas passer à côté de l’idée qui sous-tend de nombreux métiers, entre autres les métiers du « Care » que plus la personne aime ce qu’elle fait moins elle devrait être payée ! Elle a déjà la joie d’aimer son métier alors pourquoi la rémunérer correctement ?
D’ailleurs il est presque malvenu de demander de l’argent alors qu’on aide quelqu’un ! Cela revient à « profiter de sa faiblesse ».
Qu’en penses-tu ? Ton temps passé avec la personne, ton expertise mise à son service ne valent rien ?
En résumé plus le travail est un labeur, plus il devrait être payé ? Je te renvoie à l’article Il faut travailler dur pour réussir. Es-tu sûr ?).
Et plus il est agréable moins il devrait être payé ? Dans ce cas file vite lire l’article : Mettre du cœur à l’ouvrage… et kiffer sa vie !)
« J’entends régulièrement dans mes interventions des personnes (thérapeutes, coachs mais d’autres professionnels aussi) qui me disent: << Je prends tellement de plaisir dans mon travail que je ne peux pas ou difficilement demander de l’argent en contrepartie. >>> Cela sous-entend: <<< Je n’ai pas assez souffert pour mériter de l’argent en retour ! «
(…) Car ils raisonnent ainsi: si j’ai du plaisir à exercer une activité, alors c’est presque indécent de gagner de l’argent. Mais il faut savoir que << le plaisir ou gagner de l’argent >> est une pensée binaire. Personne (à part nous-mêmes) ne nous interdit d’entrer dans la logique du « et »: prendre du plaisir à ce que je fais et gagner de l’argent.
(…) Peter Koenig mentionnait lors d’une conférence : <<< Je trouve que l’on devrait être payé en fonction du plaisir que l’on a à exercer son activité. Plus on a de plaisir, plus on est payé. >>>
Christian Junod dans son livre « Ce que dit l’argent de vous » aux éditions Eyrolles
Et si tu sens que tu as besoin de travailler ta relation à l’argent (qui serait l’objet d’un ou plusieurs autres articles, celui-ci est déjà bien trop long !) :
- Les livres : celui de Christian Junod ci-dessus et celui de Marjorie Llombart « Mon cahier Money » aux éditions Solar, qui parle plus particulièrement de la relation à l’argent chez les Femmes.
- Les articles sur UneÉtincelle : Et si l’argent te fuyait ? et Qu’est-ce qui t’empêche de vendre ?
Alors parfois un salaire ne méritera pas ou peu de travail car ce sera ce que l’on est et ce que l’on a fait avant que l’on apportera. En revanche ce travail méritera tout à fait son salaire !
Parfois un travail ne méritera pas salaire, en tout cas pas tout de suite, car c’est une préparation, une base pour plus tard… mais où est la limite ?
De plus en plus souvent un travail qui mériterait salaire n’en a pas… et cela doit nous rendre créatifs : imaginer de nouveaux modèles économiques.
Ainsi le travail semble aujourd’hui décorrélé du salaire et de nouveaux modèles sont à inventer, car dans notre société nous ne pouvons pas encore vivre d’amour et d’eau fraiche !
ps : si tu as connaissance de nouveaux modèles auxquels je n’ai pas pensé, je serai très intéressée de les connaître : les commentaires de l’article sont ouverts et mon contact également !
👉 Pour recevoir dans ta boite mail les prochaines étapes pour décomplexer ta relation au travail et enchanter ta vision du monde, tu peux t’inscrire ici à l’Étincelle, la lettre mensuelle pétillante et créative.
👉 Pour ne plus être bloqué.e ou perdu.e dans ta construction professionnelle, tu peux découvrir les accompagnements individuels et réserver ta séance diagnostique offerte !
Dans le prochain article, nous enchantons une dernière fois, il clôturera la fin de la série !
Et nous parlerons de récolter les fruits de son travail… dans la juste lignée de cet article.
(et pour retrouver tous les articles de la série : décomplexe ta vision du travail, enchante ta vision du monde)
0 commentaires