Nous continuons sur les chemins sinueux d’Amorgos… Après avoir vu son Coeur (commence par ici si tu n’as pas lu le premier article : Amorgos #1 – le Coeur : entre roche, eau et vent ), je t’emmène du Nord au Sud en découvrant les habitants qui les relient. Des habitants particuliers de ces routes montagneuses 😉
(N’hésite pas à cliquer sur les photos de cet article pour les voir en grandes tailles,
tu peux ensuite défiler avec les flèches d’une photo à l’autre à travers tout l’article)
Mais commençons par un autre lieu, le Nord, il y a encore peu de temps isolé du reste de l’île, avec son port balnéaire et ses 3 villages typiques tout blancs perchés à flanc de montagne.
Le Nord : la seconde île d’Amorgos et son port balnéaire
Pendant longtemps, le Nord, la région d’Aighiali (Aigiali ou encore Aegiali), avec ses 3 villages perchés, était considéré comme une autre île, la route reliant Aighiali au centre de l’île n’existant que depuis les années 1990. Avant on y allait soit à pied par le chemin des muletiers (4h de marche) soit par bateau. D’ailleurs ce chemin accueille de nombreux randonneurs, apparemment une des plus belles randonnées des Cyclades. Il relie Chora à Aigiali avec une vue à couper le souffle (il est prévu lors de notre prochain passage !).
Ici l’ambiance est très différente. S’y trouve le second port d’Amorgos également desservi par les ferries même s’il est tout petit. C’est là que se trouve une des seules grandes plages de sable fin accessible de l’île, et de fait la station estivale s’est développé à cet endroit (le bel hôtel de l’île s’est d’ailleurs installé dans les hauteurs d’Aighiali).
Tu y trouveras un centre de plongée sympa, qui a du bon matériel et y prend soin (et les combis et surcombis qu’il faut pour les frileuses comme moi :-D). Il y a également une boutique de produits « organic » (bio) qui fait de super petits déjeuners (et les seuls ouverts tôt au mois de mai !) et un ensemble de cafés et restaurants parfaits pour y voir le coucher de soleil sur la mer (s’il n’y a pas trop de vent…).
Enfin de superbes Tamaris (les arbres ci-dessous, tu as dû déjà en voir ils deviennent tous roses au printemps !) bordent la longue plage, entrecoupés de tables de restaurants et habités parfois par de nombreux chats (et je te laisse trouver le gnome caché dans ces arbres :-D)
Au dessus du port d’Aighiali, 3 villages perchés dominent la mer : Potamos, Tholaria et Langadha. La vue ci-dessous est celle de Tholaria en premier plan et Langadha au fond à droite. A Tholaria nous avons rencontré des fleurs de Tabac et de superbes araignées !
Et derrière ces villages une myriade de chemins de randonnées car tout le Nord Est de l’île se fait à pieds. Aucune route ne t’y emmènera… Car Amorgos est aussi une des belles îles des Cyclades pour faire de la randonnée. Beaucoup de zones de l’île et de belles criques ne sont accessibles qu’après de grandes foulées motivées !
Nous sommes arrivés en pleine nuit (2h du mat !) par le port d’Aighiali. Une petite jetée pour un gros ferry, des visages qui se dessinent à travers les phares et 20, 30 personnes qui attendent les arrivants. Sur Amorgos on vient te chercher pour t’emmener à la chambre que tu as réservé (vu l’heure et le peu de taxi de l’île…). Tu traverses alors la moitié de l’île (mais ce n’est que 20 minutes de voiture…) pour rejoindre Chora par une jolie route de montagne parsemée d’embuches en pleine nuit. Car ici sur les routes une chèvre peut en cacher une autre…
Les chemins d’Amorgos et ses autres habitants
En dehors des villages il y a très peu d’habitation, très peu de routes, l’île est vierge et peuplée de troupeaux !
Ce sont les autres habitants d’Amorgos. C’est l’autre visage de l’île.
D’abord tu as les chèvres, les boucs à chaque coin de route. Nous on adore les chèvres alors on s’est fait un plaisir de les photographier !
Il y a aussi de nombreux troupeaux de moutons, qui partent en panique dès qu’ils t’aperçoivent. Oui la chèvre est bien plus maligne que le mouton il n’y a pas de doute…
Quelques vaches, quelques poules et coqs apparaissent par ci par là mais moins visibles que les chèvres et moutons. Bien que nous ayons croisé un beau troupeau de vaches sur la route allant vers le sud de l’île.
Et bien sûr tu as les ânes que l’on entend s’exprimer joyeusement assez fréquemment (si tu ne connais pas le cri d’un âne franchement va écouter, ça vaut le coup).
Et lorsque tu rentres dans les villages, d’autres habitants te suivent à la trace… Ce sont les chats communautaires ! Ce sont des chats qui ont été stérilisés par les associations. Ils sont à tes pieds dès que tu manges et ils ont leur territoire car à chaque restaurant tu retrouves à peu près les mêmes.
Pour repérer qu’ils ont été stérilisés ils leur coupent un petit bout d’oreille. On a mis un peu de temps à comprendre pourquoi ils avaient tous un bout d’oreille en moins ! J’ai également vu une association de protection des animaux, pour une petite île, ils semblent assez portés sur le sujet et c’est plutôt chouette.
Le Sud : le plat pays de l’île (enfin presque !)
Le sud de l’île, Kato Meria (« lieu d’en bas ») est la partie la moins habitée, la plus fertile et la plus plate mais ne t’inquiète pas tu auras tout de même de quoi grimper si cela te manque 😀 Surtout si tu veux rejoindre certaines plages (enfin criques…). Elle est peuplée majoritairement d’éleveurs et d’agriculteurs et est la partie la moins touristique de l’île.
C’est là qu’est la fameuse épave du Grand Bleu qui entre temps s’est coupé en deux ! Elle se trouve tout au bout de l’île, un petit chemin partant d’une route t’y emmène en peu de temps.
Il y a également de belles balades à faire, en particulier la cité antique de Kastri du IVème siècle avant J.C. et de belles criques tout autour.
Car Amorgos a plusieurs sites archéologiques et une histoire très ancienne.
Elle commence par des tombes d’hommes préhistoriques du début de l’âge de bronze.
Puis les sites des cités antiques : cités en général fortifiées et dans les hauteurs, protégées du vent comme la cité antique de Markiani. Cette civilisation protocycladique, qui fut l’âge d’or de l’île, a régressé vers 2200-1900 avant J.C.
Y a succédé différentes civilisations, que l’on retrouve dans les cités de l’époque archaïque – l’acropole Arkesini (Kastri), Minoa (au dessus de Katapola) et Egiali au nord, période durant laquelle l’île était un noeud de communication avec les cités d’Ionie.
Elle est ensuite utilisée comme lieu d’exil par les romains puis tombe dans les mains des pirates durant plusieurs siècles et fut pratiquement désertée jusqu’à la fondation du monastère de Chozoviotissa au XIème siècle. Elle devient à nouveau une terre d’exil utilisée par l’empire byzantin.
Puis elle est annexée au XIIème siècle au duché de Naxos (la grande île au nord d’Amorgos) et le kastro de Chora est construit (dont je te parle dans le premier article).
Elle passe ensuite entre plusieurs mains pour redevenir à nouveau la proie des pirates. Libérée en 1832 elle est une fois encore utilisée comme terre d’exil.
L’histoire d’Amorgos alterne entre riches civilisations, terre de pirates et terre d’exil !
Cette île allie une culture traditionnelle forte, un bel artisanat et une fibre artistique importante, une des meilleures huiles d’olive de Grèce, des historiens, archéologues, écrivains, artistes éminents et un film mondialement connu tourné sur ses terres, le tout avec une nature à couper le souffle…
Etonnant non pour 120 m2 de surface ?
« Il semble que l’onde scintillante du large qui, à travers le flux perpétuel du temps, s’est vue chargée, telle une mère affectueuse, de baigner de sa fraîcheur Amorgos la fière, est parvenue, nonobstant les « temps durs », à sauvegarder quasi intacte la splendeur de l’île. Ses habitants, ceux, parmi eux, qui ont atteint un degré d’élévation au point d’accueillir l’aurore de chaque nouvelle journée, comme un don suprême de l’univers, ceux qui, depuis les temps reculés des anciennes civilisations, restent égaux à eux-mêmes, ces hommes là sont aujourd’hui capables de transmettre un mode élevé de conduite : vie frugale, esprit indépendant, pensée droite. Quel sens peut, dès lors, avoir le temps, dans un lieu où tout – hommes et nature – dénote un comportement et un style qui surmontent le temps ? D’une manière tout à la fois simple et inopinément sublime, l’Amorgien interprète et accomplit sa destinée dans ce monde, ainsi que son cheminement à travers le temps, à l’exemple d’une fleur qui, sans fin, éclôt et se fane chaque printemps sur les merveilleux rochers de son île. »
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