La grande ortie (Urtica dioica), souvent rejetée et pourtant si bénéfique ! — Crédit photo Laure Brignone
Multipotentiel, multipotentialiste, hypersensible, asperger, haut potentiel, zèbre, dyslexique, et encore bien d’autres… Tous ceux qui ne fonctionnent pas comme la majorité des gens, tous ceux qui ont dû s’adapter (ou non) à la société, au groupe, à ses normes souvent contraignantes.
Ce sont des mots, des briques qui nous aident à comprendre, à accepter et même à apprécier. Parce que ces termes n’ont d’utilité que pour nous. C’est leur rôle premier. Car dans ces briques tellement de variabilité et d’identités si riches !
Des mots pour commencer à vivre en prenant en compte nos différences et nos manières de fonctionner.
Pour rencontrer des personnes comme nous, qui pour une fois nous comprennent. Pour se sentir moins isolé et bientôt entouré et accepté.
Et voir enfin tous les côtés positifs de cet “atypisme”.
Car il y en a. Beaucoup. Mais la norme a souvent blessé, rejeté les profils atypiques qui ont perdu confiance, qui se sont sentis étranges, bizarres, pas à leur place.
Nous sommes à NOTRE place, et nous devons oser PRENDRE notre place avec les forces de notre atypisme en évidence.
Pour ma part je me suis découverte dans la multipotentialité.
Mais j’ai aussi été dyslexique petite (et encore un peu par moment !).
La quête de sa place, imaginaire et communication
Cirse commun (Cirsium vulgare), l’éclosion — Crédit photo Laure Brignone
Petite j’étais dans mon monde. Et mon monde était riche d’histoires et de rêves. Alors à l’école on m’a d’abord taxée d’autiste. En fait il se trouve que j’étais surtout dyslexique et pas du tout latéralisée, une droitière ou gauchère contrariée je ne sais plus trop dans quel sens (et ne sais toujours pas et ça me plait bien comme ça !).
Mes souvenirs de mes 5 ans sont ceux d’une petite fille seule dans un coin de préau qui espère qu’on ne viendra pas lui parler.
D’une petite fille en classe perdue dans sa tête, plongée dans une histoire pleine de rebondissements, surprise par l’interpellation de la maîtresse et tentant alors de raccrocher les bouts à sa dernière phrase.
Un peu plus tard se fut la mise à l’écart. Pas vraiment le vilain petit canard mais laissée en dehors sans trop savoir pourquoi.
La différence n’était pas visible.
Il paraît que les dyslexiques peuvent avoir des problèmes de communication petits : ce fut ma première explication lors de mes études de psychologie des années plus tard.
Je pense aujourd’hui que les causes étaient beaucoup plus vastes que cela.
En réalité je pense surtout que petite les humains me faisaient peur. Je ne comprenais pas leur mode de communication. En revanche je comprenais très bien les animaux.
Lâchée dans la nature, je disparaissais.
Lâchée dans une foule, je m’accrochais terrorisée aux jambes de ma mère.
(Et pourtant je suis parisienne de souche, née et élevée en ville !)
La nature me semblait fluide et mes compatriotes plein de contradictions. Alors j’aimais bien regarder et ressentir ce qui se passait hors parole. La conversation non verbale. Quand je m’ennuyais et que je n’étais pas perdue dans ma tête, j’observais. Et là des choses me sautaient aux yeux.
En revanche la conversation verbale fut beaucoup plus difficile ! Il m’a fallu apprendre, déjà à écrire et parler (pas dyslexique pour rien !). Après il a fallu apprendre les codes. Ce qui me permet aujourd’hui de m’adapter facilement lorsque j’arrive dans de nouveaux environnements et micro sociétés. Avant de parler, j’observe les codes, étant donné que ce n’était pas naturel chez moi, je sais le faire consciemment. Ce qui était une faiblesse est devenu une force.
Pourtant il fut difficile de se situer. De distinguer où sont les limites, entre le pro et le perso, le trop ou pas assez familier, le trop / pas assez tout court.
Je ne vous parle pas de mes premiers mails, mes premiers posts sur les forums : est-ce que je suis dans le bon ton ? Ne risquent-ils pas de penser ça et de mal interpréter ? Comment je finis, comment je commence ?
Ce qui semblait si simple pour le commun des mortels était pour moi d’une complexité… Et puis j’ai observé, pris l’habitude. Comme à chaque fois.
Je sais maintenant que je suis loin d’être la seule à avoir affronté, à affronter ces difficultés.
Mais est-ce vraiment des codes à acquérir ou est-ce que l’on doit juste apprendre à être soi dans toutes ses dimensions, à rester EN soi et arrêter de penser que l’on est pas bien comme on est, au naturel ?
Et si je ne veux pas choisir ? La découverte de la multipotentialité
Camomille romaine (Chamaemelum nobile), l’épanouissement — Crédit photo Laure Brignone
Ensuite, il y a eu la recherche d’UNE VOIE ! Oups…
J’ai longtemps envié les gens qui avaient une passion. Je rêvais d’être une éternelle étudiante, apprendre et découvrir de nouvelles choses tout le temps. Ce qui me plaisait ne semblait pas vraiment réalisable (et pas très clair non plus !) et j’ai mis du temps à me rendre compte qu’il fallait que je cherche vraiment pour trouver et surtout créer ma propre voie (voix ?) !
Qu‘elle ne me tomberait pas sur le coin de la figure au réveil !
Que pour la trouver il fallait vraiment que je m’y mette.
(Je précise qu’une voie, dans ma conception c’est plus exactement un chemin. Elle peut donc être composée de plusieurs choses, être multi-voies et multi-dimensionnelle, bifurquer et évoluer ! Ce n’est pas LA voie au sens strict, unique, spécifique et non modifiable dont on nous a souvent parlé…)
Alors je m’y suis mise. Et ça m’a pris 5 ans. De réflexion, d’accompagnements individuels, d’essais et d’erreurs. Pour qu’enfin les choses prennent sens.
Et lorsqu’elles ont pris sens la notion de multipotentialité a croisé ma route. Elle qui décrivait parfaitement mon mode de fonctionnement et correspondait précisément au descriptif de mes clients idéaux… comme par hasard 😉
Depuis les choses s’unifient de plus en plus. Je réunis actuellement mon blog sur la nature et la créativité avec mon site d’accompagnement individuel. Car dans mes accompagnements la nature et la créativité sont là depuis le début. Car tout va ensemble. C’est ce que l’on appelle “l’hybridation” : créer une activité professionnelle innovante regroupant une grande partie de nos intérêts et motivations. Il y a d’autres solutions bien sûr pour les multipotentialistes, c’est juste la mienne.
L’autre face, si on regardait les choses à l’envers ?
Alors vous sautez ?
On peut y arriver, on peut apprendre et se réaliser quelque soit l’endroit d’où on part et les difficultés de départ. Ce que l’on nous assène comme “défaut” a toujours sa part de qualité et peut devenir une force, rien n’est blanc ou noir !
Par exemple l’hypersensibilité est une grande force. Difficile à gérer dans nos sociétés à l’heure actuelle, effectivement, il est donc important d’apprendre à l’apprivoiser et à se respecter. Il est souvent difficile de voir cette force, englué dans toutes les difficultés qu’elle peut engendrer… Apprendre à voir le côté positif de ce que l’on est.
Ce que l’on renvoie aux multipotentialistes comme instabilité est en réalité notre manière de fonctionner et permet synthèse, innovation, créativité.
Chaque chose a ses avantages et inconvénients et n’est pas mal ou bien (ces mots impliquant un jugement moral en plus du jugement de valeur !).
Innovation, créativité, sensibilité à la nature, humanité, besoin de se sentir utile sont des choses que je relève souvent chez les atypiques.
Alors à tous les zAtypiques, prenez la valeur de ce que vous apportez d’original, de passionnant, d’enthousiasmant, de vivant, d’innovant.
Prenez la valeur de ce que vous êtes et oubliez, abandonnez, jetez toutes les étiquettes que l’on vous a asséné. Décidez d’être ce que vous vous sentez être de cœur, ce que vous voulez apporter au monde et oubliez tous ces jugements de pacotilles.
Vous avez le droit de sentir plus fort, de vivre plus fort, d’être trop ou pas assez, vous avez le droit de changer et d’évoluer.
Vous avez le droit d’Être et de prendre Votre Place.
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