Voici une famille qui me plait particulièrement de part sa diversité, sa beauté et ses usages !
Elle est internationale, vous trouverez des solanacées – Solanaceae de leur nom scientifique – partout dans le monde sauf en Antartique (oui quand même…). Elle prend toutes les formes – herbacée, arbuste, arbre, liane – à feuilles alternes, simples et sans stipules.
Leurs fleurs sont jolies et originales (et pour certaines bien colorées !), je pense particulièrement à celle du genre Solanum.
Pourquoi les plantes de cette famille sont si connues ?
Certains fruits ou racines sont bien bon à manger : pommes de terre, tomates, tomates cerises, aubergines, tous du genre Solanum et les piments et poivrons du genre Capsicum.
C’est aussi la famille des plantes des sorcières dû à leurs alcaloïdes (dont l’atropine) qui leur donnent leurs propriétés psychotropes et toxiques. Une famille donc où l’on trouve des plantes à poisons très violents comme la belladone (Atropa belladonna ou morelle furieuse), la jusquiame noire (Hyoscyamus niger), la mandragore (Mandragora officinarum) et le datura (Datura stramonium). Elles vous rappellent bien quelque chose ? Que d’histoires sur ces plantes et leur utilisations…
Aujourd’hui elles sont utilisées en pharmacopée pour le contrôle de la musculature lisse et de la douleur (parasympatholytique officinale).
Et une famille de plantes ornementales (comme les pétunias et certaines Solanum) et celle du Tabac (Nicotiana tabacum, la nicotine étant un alcaloïde également) !
Alors partons à la découverte de quelques plantes de cette famille des plus intéressantes.
En particulier avec deux plantes du genre Solanum qui est le genre le plus important avec plus de 1500 espèces, et la fameuse datura. Ces 3 plantes sont des plus communes en France, vous pouvez les retrouver dans votre jardin ou au détour d’un chemin, alors ouvrez l’oeil 😉
La morelle noire, Solanum nigrum
La morelle noire vous l’avez forcément vue, tout en ne la voyant pas (comme souvent les plantes sauvages…). C’est une herbacée de maximum 60, 70 cm, très commune dans nos régions. Elle est considérée, comme beaucoup de plantes sauvages, comme une mauvaise herbe (qu’a-t-elle réellement de mauvais en fait ?).
Elle peut s’inviter dans un coin de votre jardin ou sur le bord d’un chemin. Elle prolifère plutôt vite c’est vrai ! Mais en échange vous aurez de jolies petites fleurs blanches et des baies vertes puis noires à maturité. Elle fleurie de mai à octobre, donc sur la même plante se côtoient fruits et fleurs. Certains pays la cultivent même…
C’est une plante magique ! Stimulant l’imaginaire, elle entrait dans la composition des onguents pour le sabbat ou dans ceux pour se transformer en loup garou… Son fruit non mature est en effet toxique, dû en partie à la solanine, un alcaloïde présent dans toute la famille et qui rend toxique les pommes de terre verdies. Mais elle reste beaucoup moins dangereuse que ses cousines belladone, jusquiame, mandragore et datura.
Et elle est aussi utilisée … comme légume (les feuilles sont source entre autres choses de protéines) et ses fruits matures sont consommés (et appelés myrtille des jardins) dans certaines parties du monde comme en Afrique. Mais il n’est pas facile de savoir quand les fruits sont vraiment matures donc prudence (ils passent par une couleur rouge-violet avant le noir qui peut tromper !).
En médicinale elle est utilisée depuis des temps très anciens en externe contre les affections cutanées (propriétés antiseptiques) et en interne comme antispasmodique (contre les douleurs d’estomacs en utilisant les baies ou les racines), sédative et analgésique.
Voilà donc une plante toxique, magique, alimentaire, médicinale, cultivée et mauvaise herbe selon les pays et les époques… et oui chez les plantes cela arrivent souvent 😉 Une histoire de spécificité locale, de sous espèces, d’erreur de taxinomie ou simplement de perception ? Cela n’est pas toujours très clair…
La morelle douce-amère, Solanum dolcamera
La morelle douce-amère vous ne pouvez pas la rater ! C’est une liane que je croise souvent au dessus d’une haie, sur des buissons. Ses tiges grimpantes s’enroulent sur la végétation environnante.
Elle a de jolies fleurs colorées violettes et jaunes qui attirent irrémédiablement l’oeil.
Ces fleurs deviennent des baies à la fin de l’été d’abord vertes puis rouges, toxiques de part leur alcaloïdes. Elle est beaucoup plus toxique que la morelle noire autant pour les hommes, animaux et même les tortues. Mais pas pour les oiseaux qui mangent ses baies et qui servent à leur insu de disséminateurs de graines !
Ses usages médicinaux sont très anciens, ce sont ses tiges qui l’on emploie pour les dermatoses et comme dépuratif entre autres contre les rhumatismes et la goutte. Son usage actuelle est limité en raison de ses risques de toxicité (à ne pas utiliser sur le long terme) et on la retrouve plutôt en homéopathie.
Si vous voulez plus de détails sur ces deux plantes : sur la morelle noire, sur la douce amère en général et sur ses utilisations médicinales en particulier.
La datura stramoine ou officinale, Datura stramonium
Elle aussi vous pouvez l’accueillir dans votre jardin. D’ailleurs elle s’est installée cet été, fièrement devant le chemin de l’entrée, là où chacun pouvait l’admirer ! Avec derrière elle une morelle noire qui a bien proliféré entourant les bébés aubépines.
Elle a plein de noms comme pomme épineuse (en raison de son fruit ci-dessous), herbe-aux-fous (oui elle rend fou et peut être mortelle), chasse-taupe ou herbe-aux-taupes (et oui elle peut chasser les taupes de votre jardin !).
Le Datura, non toxique au toucher, peut l’être si vous cherchez à la brûler… après tout elle doit bien se défendre ! Des intoxications (parfois mortelles) ont été relevées chez des paysans ayant brûlé de grandes quantités de Datura. Sa toxicité vient de ses alcaloïdes comme toutes les autres plantes de cette famille.
Elle est utilisée en médecine comme antispasmodique, sédatif du système nerveux central en autres, mais l’emploi de la plante directement peut être très dangereux (et mortel) en raison de la difficulté à la doser (toutes les parties de la plante sont d’ailleurs toxiques).
C’est une grande plante de sorcières qui intervenaient également dans la préparation des onguents pour le sabbat et pour les loups garou, comme la morelle noire.
En outre elle est considérée comme protectrice en particulier contre les envoutements et les esprits malfaisants.
Et elle est bien jolie dans un jardin et se repère facilement entre sa forme toute tortueuse et ses « pommes épineuses » en guise de fruit.
Cet article sera mis à jour au fur et à mesure de mes découvertes de Solanacées sauvages 😉
N’hésitez pas à me dire si vous en avez chez vous ou si vous en découvrez au bord d’un chemin !
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