Repenser le travail : non, vouloir un temps partiel n’est pas un manque d’engagement !

Repenser le travail : temps partiel, travail hybride et mon témoignage !

Un tournant vers mon organisation idéale

Si tu suis la lettre tu sais que j’ai mis en pause l’accompagnement individuel depuis octobre 2024. Depuis, entre le podcast et mes recherches sur l’évolution du monde du travail, une idée a mûri : reprendre une activité à temps partiel. Mais pas n’importe laquelle ! Je voulais du sens, du mouvement, moins d’écran et plus de terrain. Retrouver des collègues, des échanges, une énergie collective. Et être ancrée localement.

Comme souvent quand les choses sont justes, l’opportunité s’est présentée d’elle-même en février, pour un démarrage en mars. Et cela me fait un bien fou ! Ce que j’apprécie par dessus tout est l’ambiance, joyeuse et stimulante. Pour moi c’est essentiel.

👉 Bouger, activer mon corps, sortir de la posture figée derrière l’ordi, ça change tout. Je lisais justement un article de Lætitia Vitaud : la sédentarité tue. Le travail n’aide pas.

👉 Autre point fort : le modèle coopératif. L’organisation fonctionne en SCOP, un mode de gouvernance qui résonne avec mes aspirations. C’est également un mode de fonctionnement qui se développe dans certaines entreprises (qui  ne sont pas des SCOP),comme Proginov.

Mais surtout, cela me me reconnecte à mon rythme de travail préféré : avoir plusieurs activités en parallèle. Un mode hybride, qu’on appelle aussi slashing.

Repenser l’organisation du travail

Ce mode de fonctionnement hybride, je ne l’ai pas découvert hier.

Je l’avais déjà expérimenté il y a plusieurs années lorsque j’étais consultante en entreprises, bien avant que les mots slashing ou travail hybride fassent leur apparition dans le paysage.

À l’époque, durant 2 ans, j’ai été au 3/5ème dans dans le cabinet d’audit où je travaillais. Le reste du temps, je poursuivais mes études de psychologie tout en développant une association sur  la promotion des cultures du monde à travers des événements comme des concerts, danses, récits de voyageurs, photos…

Cet équilibre entre structure et liberté me convenait parfaitement. D’un côté, la stabilité et la sécurité du salariat. De l’autre, un espace où j’étais libre d’organiser mon temps, de créer, d’apprendre, d’explorer.

Mais je constate qu’on reste souvent coincé dans une vision binaire du travail : salarié à temps plein ou indépendant à 100 %.

Ainsi pour nombre d’indépendants, s’ils reviennent salariés c’est à temps plein. Pourtant, le temps partiel peut être une voie très intéressante et équilibrée. Il offre un filet de sécurité sans renoncer à l’autonomie. C’est une solution précieuse, que ce soit au démarrage d’un projet entrepreneurial ou simplement pour marier plusieurs formes d’activités qui se complètent.

Personnellement, je n’ai aucune envie de revenir à un salariat à temps plein. J’ai besoin de jours où je peux gérer mon temps à ma façon. Sinon, j’étouffe !

En même temps, j’étais mentalement fatiguée de devoir sans cesse trouver l’énergie pour initier les projets, la recherche de clients ou de financement. Être en roue libre à 100 % a un coût mental important.

Ainsi, avoir un cadre fixe sécurisant quelques jours par semaine me fait un bien fou et m’a redonné de l’énergie. Et surtout, il me permet d’être encore plus dans l’écoute et la justesse : je choisis mes projets avec plus de discernement, en fonction de mes envies profondes et du format qui me stimule vraiment.

Par ailleurs avoir une structure sur quelques jours, facilite l’organisation de mes journées d’indépendante, tout en me laissant ma liberté.

« Les temps partiel ? Moins impliqués »
« Les gens ne veulent plus travailler en France »

Ces phrases, je les entends encore trop souvent. Et elles sont loin de refléter la réalité.

Je rencontre de plus en plus de personnes qui recherchent un temps partiel – et pas parce qu’elles n’ont pas envie de travailler ! Il est grand temps de changer de regard sur le sujet.

Les cas sont multiples, voici quelques exemples concrets :

  • Des personnes qui veulent s’investir dans des projets qui leur tiennent à cœur, souvent bénévoles ou non rémunérés (en tout cas dans un premier temps et dont ce n’est pas l’objectif premier).
  • Des indépendants en développement (ou non !), qui cherchent un équilibre entre stabilité et autonomie.
  • Des aidants familiaux, qui s’occupent de leurs parents, de leurs enfants, de proches.
  •  Des profils neuro-atypiques qui, pour préserver leur énergie mentale, ne peuvent pas (ou ne veulent pas) enchaîner cinq jours d’affilée. Car ils donnent énormément lorsqu’ils travaillent et/ou parce que l’interaction sociale leur prend énormément d’énergie. Et pourtant ce sont souvent des personnes ultra investies, concentrées, redoutablement efficaces.

En réalité, le temps partiel peut être un choix stratégique, réfléchi, profondément aligné avec les besoins et les rythmes de chacun.

La mentalité a également évolué depuis mon 3/5ème, il y a 18 ans maintenant ! A l’époque la croyance était : temps partiel = personne moins impliquée. Elle s’est heureusement atténuée mais elle existe toujours…

Alors que quelqu’un à temps partiel est en général mieux organisé et plus efficace. Un pari gagnant pour les entreprises et pour les individus !

« Mais un temps partiel, c’est introuvable ! » Vraiment ?

C’est une remarque qui revient souvent. Pourtant, l’incertitude actuelle pousse aussi les entreprises à plus de souplesse. Et c’est là que des formes alternatives comme le temps partiel peuvent devenir une vraie opportunité – pour elles comme pour nous.

Et les modes de collaboration évoluent : il est possible de trouver des missions longues à temps partiel, tout en restant indépendant. Un entre-deux qui offre à la fois stabilité et liberté.

Si ce type de fonctionnement vous attire mais vous semble inaccessible, commencez par changer votre point de vue ! Ce n’est pas (juste) une question de chance. C’est une posture. Personnellement, j’ai plusieurs exemples autour de moi de temps partiels. Et plus vous vous autoriserez à y croire, à formuler cette envie clairement, plus les gens penseront à vous et vous trouverez les jobs qui vous correspondent.

L’arrivée de l’intelligence artificielle pourrait aussi ouvrir la voie à une réduction du temps de travail. À condition, bien sûr, que cette évolution ne se fasse pas au détriment des salaires et du niveau de vie. C’est ici que de nouveaux modèles économiques doivent émerger.

Des modèles économiques qui laisseraient de l’espace aux personnes pour créer leur projet, s’occuper de leurs proches, respirer et se reposer, prendre du temps pour se nourrir de leurs passions, participer à des associations etc…

Des modèles qui laissent de l’espace pour autre chose : créer, s’engager, prendre soin, souffler, se nourrir intellectuellement, faire vivre des passions, contribuer.

La valeur « travail » a du plomb dans l’aile (même si on nous la rabâche) et à besoin d’être repensé. Car d’abord qu’est-ce que travailler signifie ? Est-ce uniquement les activités rémunérées ? Ou est-ce aussi tout ce dans quoi on s’investit avec sérieux, énergie, cœur ?

Alors est-ce que ce mot travail ne devrait pas être remplacé par les différentes « activités » qui parsèment nos vies ? Celles qui nous composent, qui donnent du sens à nos journées, même si elles ne rentrent pas toutes dans une fiche de paie ?

Car aujourd’hui, les frontières sont plus floues. Et c’est dans cette zone grise que beaucoup d’entre nous trouvent, justement, un nouvel équilibre.

Et vous, avez-vous déjà exploré des formes de travail alternatives ?
Qu’est-ce qui vous retient, ou au contraire vous attire ?
Je serais curieuse de lire vos retours 👇

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Article rédigé par Laure
Créatrice d’UneÉtincelle, Laure Brignone est l’auteure du podcast « Visions – un monde du travail en mutation », de la lettre mensuelle l’Étincelle, et d’un blog pour réinventer son job et l’Entreprise. Ses sujets de prédilection sont la relation au travail, la transformation des entreprises et les nouveaux modèles économiques et comportementaux.

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